C’est en Octobre que je rencontre cette jeune maman, afin d’immortaliser son allaitement.
Ces séances, c’est plus qu’un shooting photo ordinaire, c’est un véritable partage, un échange,… Ce ne sont pas pas des séances anodines et je ne veux pas qu’elles le deviennent !
Cette jeune maman a eu vraiment beaucoup de mal avec son allaitement, et m’explique, que ce qui a « sauvé » son allaitement c’est le DAL….
Le quoi? Moi qui n’ai pas eu des allaitements faciles on ne m’en a jamais parlé et autour de moi, les mamans allaitantes ne connaissaient pas ce système non plus.
Qu’est ce donc le DAL?
C’est un Dispositif d’Aide à la Lactation
C’est un système qui permet à la mère allaitante d’éviter l’emploi de tétines quand elle doit donner à son bébé des compléments de lait maternel exprimé, de lait industriel, d’eau glucosée à laquelle on ajoute du colostrum ou d’eau glucosée seule…
Je ne vous fait pas de cours sur la matière car je ne suis pas conseillère en lactation, mais vous invite à visiter la page http://www.lllfrance.org/Feuillets-du-Dr-Jack-Newman/Utilisation-d-un-dispositif-d-aide-a-la-lactation-DAL-ou-dispositif-d-aide-a-l-allaitement.html où vous y trouverez toutes les informations nécessaires.
J’ai demandé à cette jeune maman, si je pouvais partager son histoire avec vous, et elle m’a donc fait parvenir un texte émouvant sur ses début de vie de mère, ses déboires avec l’allaitement, la difficulté de reprendre se place de femmes dans un couple,…
Voici donc quelques passages de Son moment de vie, peut-être qu’il aidera d’autres mamans,…
Ce texte est très émouvant , et j’espère qu’il sera respecté de tous.
» D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais vu ma mère allaiter. Pourtant, il paraît qu’elle l’a fait.
Allaiter était pour moi un choix naturel.
C’est devenu un combat.
Au vu de mes lectures, j’ai décidé de ne pas prendre de péridurale ou tout autre médication pouvant rendre bébé groggy pour sa première tétée. Mon accouchement, en parfaite symbiose avec mon fils, eu lieu au printemps 2013.
Et Edouard est né… Inanimé, étranglé.
Après m’avoir déposé un enfant mort un temps éclair contre moi, l’avoir réanimé, on me l’apporte à présent. Une première tétée, une première expérience de vie.
Mon fils vivait et, telle une petite souris, tétait tout doucement mon sein.
A une heure de vie, mon fils est « parti ».
Il a été réanimé 2 fois et a été emmené aussitôt en néonat.
J’ai fait du peau à peau, le plus possible. Je lui ai donné le sein, le plus possible aussi, en pleurant de douleur, en serrant les dents, en m’horrifiant de voir ses lèvres rougies de mon sang, avec les sages-femmes qui m’encourageaient, me tenaient le bras, m’aidaient à repositionner bébé.
Une montée de lait précoce, des crevasses… des tulles gras sur les seins, des pommades, des pommades, et pas de miracle.. Jusqu’au lait, providentiel lait qui m’aida à plus ou moins cicatriser entre les tétées.
Mon lait de maman.
Mon petit d’homme tête. C’est bizarre. Je ne connais pas.
Qu’il est beau. C’est ce que je me dis. Petit à petit, je gère mieux les tétées et la douleur.
L’accouchement a meurtri le papa, qui pour se protéger, nous « efface ». Nous évoluons dans la même maison, mais dans un univers parallèle.
Des idées noires, un enfant que je ne comprends pas. Va-t-il vivre ? Il dort… Vit-il encore ?
Il pleure. Je pleure. Comme lui, fort. Comme un bébé.
Le papa vient et.. ferme la porte. Il ne peut pas nous entendre.
Je n’ose pas en parler, je ne sais pas ce qu’il se passe. Ma sage-femme m’aide, me soutien, me réconforte mais bébé perd du poids. De plus en plus. Et encore plus. Et je vais mal.
J’en veux à ce corps incapable de donner à sa chair de quoi subsister. Je m’en veux. Mon bébé, je suis désolée…
Petit à petit, bébé boudera le sein, ce qui m’oblige à augmenter les compléments, qui deviennent finalement sa seule alimentation, le jour où, alors que je le mets au sein, bébé hurle, le mamelon à l’entrée de sa bouche.
Et je pleure avec lui.
Ma sage-femme part en vacances.
Et je suis seule. Seule avec Edouard.
Alors je prends contact avec cette femme extraordinaire de la Leche League, qui me répond, soir après soir, m’envoie des vidéo, des explicatifs, des témoignages, et…du soutien, inconditionnel, sans me connaître.
Et je relacte. Je m’achète un dispositif d’aide à la lactation (DAL). Je prends et teste tous les galactogènes possibles et inimaginables. Je rencontre des consultantes en lactation, des pédiatres, je m’inscris à des groupes de soutien sur Facebook.
Je tire mon lait, heure après heure. J’ai peur, je suis maladroite, je me blesse, maladroite, mais je relacte.
J’ai une candidose mammaire depuis un moment et j’ai excessivement mal. J’ai les nerfs à fleurs de peau, mais je relacte.
Je suis seule. Mon fils boude mes seins et papa n’existe pas. Mais je relacte.
Jour après jour. Heure après heure. J’espère, je pleure, je suis fière, désespérée, heureuse, impatiente, à bout, déprimée, triste, j’ai la niaque puis je m’enfonce. Mais je relacte.
ET puis, une réunion LLL. Et une autre. Je sillonne le pays à travers les réunions de la leche league. Je rencontre des mamans relactantes. Deux. Elles voient le bout tandis que je débute.
Des mamans unies autour de leurs enfants avec le même respect, le même partage, la même écoute.
Et puis ce merveilleux jour où mon fils tête toute la nuit.
Pour la première fois, j’ai réellement plaisir à allaiter.
Il reprend le sein. Petit à petit, je dirais même « minuscule à minuscule », le lait revient.
Goutte par goutte.
Mon fils est nourri au sein grâce à une petite sonde en silicone qui lui donne du lait artificiel. Il stimule ainsi ma lactation.
…
Puis vient mon opération des pieds. Je demande à avoir mon fils la nuit à mes côtés. Je le nourris au dal au doigt. Cette petite sonde si précieuse nous accompagne partout.
Je n’appuie pas sur ma pompe à morphine, je refuse certains médicaments, je vérifie tout via la consultante en lactation de la clinique.
La souffrance est secondaire, je suis concentrée sur l’heure pour le tire-lait. J’ai peur de voir tous mes efforts passés anéantis en 3 jours.
36 heures après, mon petit bout d’homme se rue sur mon sein. Ma relactation continue.
La candidose grandit en moi, et me ferait me taper la tête sur les murs, vu les traitements inefficaces qui s’enchaînent.
Mon fils va bien. Il ne grossit pas beaucoup suite à une malformation cardiaque mais est en parfaite santé, d’après tous les professionnels consultés.
Et puis, Edouard tombe malade. Et refuse tout complément, y compris le dal au sein.
Il ne s’alimente plus. Je suis aux urgences avec lui et… il ne boit que mon lait, mon lait seul, presque 3 jours durant.
Rien que pour ces quelques jours, je suis heureuse d’avoir pu relacter.
ET la vie reprend, entre les tétées, les stimulations au tire-lait, la candidose, les galactogènes…
Bébé est guéri mais un jour, il pleure. Et le lendemain aussi.
Edouard ne pleure jamais. Que se passe-t-il ?
Maman s’évanouit, a des vertiges, tombe par terre dans le village, n’y arrive plus.
Bébé a faim. Maman est en épuisement.
J’étais presque revenue à un allaitement exclusif.
Presque.
Ainsi s’achève, à six mois et demi, l’histoire de mon allaitement.
…
Avant mon opération, j’ai rencontré Perrine pour une séance photo d’allaitement. Je n’aurais jamais cru
pouvoir la vivre.
Je dois mettre le dal et je voudrais le cacher. Je veux allaiter comme une maman normale. Je ne veux pas
montrer ce dispositif qui gâche tout…
Ce dispositif qui gâche tout, mon fils, tu le trouveras avec quelques objets très chers à mon cœur, dans ta boîte de naissance. La plus belle photo de Perinne, c’est ce DAL, relié à tes lèvres, car il m’a aidée à te donner le meilleur, jusqu’à ce q
ue mon corps lâche. »